Avr 11 2017

Portugal (5-10 avril)

Nouveau CA de l'AEFLMA Porto et Lisbonne :

Le FOMA (Forum mondial des anciens élèves du réseau AEFE) et l’assemblée générale de l’Association des Anciens des Lycées Français du Monde (AALFM), qui se tenaient cette année au lycée Charles Lepierre de Lisbonne, m’a fourni une occasion de me rendre au Portugal.

Avec Françoise Conestabile, Jacky Deromedi et Madeleine Ben Naceur

Avec Françoise Conestabile, Jacky Deromedi et Madeleine Ben Naceur

Née en 2009, cette association, qui compte aujourd’hui 6500 membres et 80 associations locales dans 35 pays, vise à renforcer les liens entre anciens élèves et s’inscrit dans une démarche de renforcement de notre diplomatie d’influence par la mise en réseau de celles et ceux qui sont passés par le réseau scolaire français à l’étranger. Saluons la réélection à l’unanimité du Président René Randianja, celle de Thibaud Sarrazin-Boespflug, ancien élève de Sarrebrück, Conseiller consulaire en Chine, qui malgré son absence, a obtenu le plus grand nombre de voix pour l’élection des vice-présidents. Plusieurs interventions de membres du réseau ont été particulièrement appréciées, comme celle de Madeleine Bennaceur, Présidente de l’association des anciens du Lycée Carnot de Tunis, qui nous a parlé avec beaucoup d’émotion et de nostalgie de ce lycée créé en 1881 sous le nom de Saint Louis, renommé Carnot au décès du Président en 1894 et définitivement fermé en 1983, ou celle de Laure Martineau, représentante de l’association des anciens du lycée Charles de Gaulle de Londres, association de près de 3000 adhérents, créée il y a 91 ans, qui nous a présenté le remarquable site Internet qu’elle est en train de finaliser.

Avec le Président du Parlement Eduardo Ferro Rodrigues

Avec le Président du Parlement Eduardo Ferro Rodrigues

Outre l’élection du nouveau conseil d’administration, cette assemblée générale a été l’occasion de riches témoignages et de passionnants débats : ouverture par les Chanteurs d’Alejentos (chants choraux classés au patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2014), message de Leila Slimani, Prix Goncourt et ancienne élève du lycée de Rabat, puis interventions du Président de l’Assemblée de la République portugaise, Eduardo Ferro Rodrigues et de l’ancienne Ministre de l’Education, l’écrivain Isabel Alçade, qui nous ont dit combien ils avaient été marqués par leurs années au Lycée français de Lisbonne, et par les valeurs d’ouverture, de multiculturalisme et de liberté qui leur avaient été enseignées.

Beaucoup de projets ont été annoncés dont une plateforme internet et une semaine des lycées français dans le monde du 10 au 17 novembre prochains. La rencontre a été couronnée par la signature d’une convention de partenariat entre l’AEFE et l’AELFM et a donné lieu à une réception offerte par l’ambassadeur de France au Portugal Jean-Michel Casa et son épouse. L’occasion d’admirer cette splendide ambassade, une de nos plus belles au monde : acquis par la France en 1909, le Palais Santos jouit d’une situation exceptionnelle sur les rives du Tage, avec de magnifiques jardins en terrasses, ainsi que de multiples trésors architecturaux, dont une chapelle et sa sacristie couvertes d’azulejos et un exceptionnel plafond de l’ancien fumoir recouvert de porcelaines Ming du 18ème siècle.

Lisbonne_StLouisdesFrancaisJ’ai aussi tenu à ne pas quitter Lisbonne sans me rendre à l’église Saint-Louis-des-Français, dont j’avais soutenu la rénovation avec ma réserve parlementaire, à la demande des conseillers consulaires Françoise Conestabile et Laurent Goater. Peu connu, ce bâtiment est pourtant l’un des joyaux de notre patrimoine national – une des plus vieilles églises françaises au monde après Saint-Louis de Rome, où le drapeau tricolore flotte fièrement. L’église était comble en ce Dimanche des Rameaux, avec un très grand nombre de Français du Portugal venus en famille participer à une cérémonie présidée par son Recteur, le Père Olivier Plichon, avant une procession jusqu’à l’église São Domingos, bondée elle aussi, pour une messe franco-portugaise concélébrée par le Père Olivier et le Père Victor, portugais francophone, chaleureux et bon-enfant. Ses origines remontent au XVème lorsque des marchands français (des chaudronniers bretons) s’organisèrent en « Confrérie de Saint-Louis ». Fortement endommagée lors du tremblement de terre et de l’incendie de 1755, elle fut sauvée grâce à l’implication personnelle de Louis XV. La volonté récente de rénovation, de recherches historiques et de mise en valeur de ce patrimoine original est à saluer !

L’importante communauté française au Portugal (16 500 inscrits au registre consulaire, mais un effectif estimé de 30 000 personnes) est concentrée dans deux villes : Lisbonne et Porto.

J’ai donc tenu à ne me rendre également à Porto.

A l'agence consulaire de Porto

A l’agence consulaire de Porto

Deuxième ville du Portugal et fleuron économique du pays, cette dernière est réputée pour son charme et sa douceur de vivre, à tel point qu’un nombre toujours croissant de Français s’y installent (6 000 inscrits au registre, dont 60% de franco-portugais). Malgré cette dynamique, le Consulat a fermé l’an dernier. Cela a été perçu comme un véritable désastre par l’ensemble des Français installés à Porto et dans le nord du pays. Heureusement Pierre-Henri Tamet, remarquable entrepreneur spécialisé dans l’électronique, a accepté de reprendre le flambeau et de créer dans l’enceinte de son usine une agence consulaire qu’il gère en tant que Consul honoraire avec l’aide de son épouse Isabelle. Isabelle est par ailleurs la fondatrice et animatrice d’un remarquable site internet destiné à notre communauté française, Vivre à Porto.

lycee portoJ’ai également eu le privilège de visiter avec le conseiller culturel Jean-Marc Marlier le magnifique lycée français de Porto – que j’ai cette année soutenu avec ma réserve parlementaire, et d’y rencontrer à la fois le Proviseur sur le départ (en partance pour Abu-Dhabi) et son successeur (en provenance de Madagascar). Un lycée décidé le 20 mars 1959 et inauguré en 1963 dans un magnifique site arboré, grâce aux dons du français Marius Latour et de l’industriel du textile portugais Carlos Alberto Cabral, comte de Vizela. Il accueille 1 082 élèves dont 30% de Français et a d’excellents résultats, avec 100% de réussite au bac dont 60% de mentions. Une performance peu étonnante au regard de l’implication des enseignants, du cadre de travail exceptionnel, d’effectifs réduits (25 élèves maximum par classe), de l’engagement de l’association des parents d’élèves et de l’atmosphère enthousiaste qui y règne. Nous étions aussi accompagnés lors de la visite de l’établissement par Isabelle Tardé, directrice générale de la FAPEE, la fédération des associations de parents d’élèves.

AF PortoLa journée s’est poursuivie par une visite de l’Alliance française de Porto, établissement modèle qui doit tout à l’engagement et à la détermination exceptionnels de sa directrice Anna-Maria Pereira, une Portugaise passionnée par la langue, la littérature et la culture françaises. Travaillant depuis très longtemps à l’Institut français de Porto, c’est avec une immense consternation qu’elle avait appris en 2004 sa prochaine fermeture et l’interdiction faite aux enseignants de mentionner cette fermeture imminente aux étudiants qui continuaient à s’inscrire… Une pétition sera lancée par des Portugais francophiles pour demander à la France de revenir sur sa décision. En vain. Anna Maria Pereira rejoint alors l’équipe du Consulat et Porto restera deux ans sans accès à notre langue. En 2006 elle reconstitue une alliance (il en existait une en 1947 mais qui avait disparu pour laisser la place à l’Institut français…) qui s’installe dans les locaux du Goethe Institut, avec… 16 élèves ! Mais de par son développement l’Alliance s’y trouve vite à l’étroit et en juillet 2010 elle s’installe dans une maison de ville du centre historique de Porto après l’avoir restaurée à la perfection. Aujourd’hui 800 élèves fréquentent l’Alliance où ils trouvent un environnement douillet, chaleureux, artistique et très français, avec des rideaux tricolores, des salles de classe aux noms de nos grandes villes, des photos de Doisneau sur les murs, d’excellents cours spécialisés (français de la médecine, du droit, du tourisme…) et même un jardin…
Anna Maria Pereira a été depuis décorée des Palmes Académiques et obtenu la nationalité française. Son histoire nous prouve que ce sont souvent des non-nationaux qui se battent le plus et le mieux pour notre langue et notre culture. Et que l’on peut toujours réussir malgré l’adversité, quand on croit à un projet et que l’on y met tout son cœur et toute son énergie.