Mai 13 2017

Norvège (7-12 mai)

18301708_1031548173645335_74193256253753780_nL’Arctique, enjeu géopolitique et géostratégique méconnu du grand public, va prendre de plus en plus d’importance dans les relations internationales dans les prochaines années. C’est pourquoi l’Assemblée parlementaire de l’OTAN y a organisé une mission, à l’invitation du gouvernement norvégien, quelques semaines après la tenue à Arkhangelsk, dans le nord-ouest de la Russie, d’un sommet international consacré à cette zone.

Dans les îles de Svalbard, situées dans l’océan arctique, à mi-chemin entre la Norvège et le Pôle Nord, où nous avons été accueillis par la gouverneure Kjerstin Askholt, le ministre du climat et de l’environnement norvégien Vidar Helgesen et la secrétaire d’État au ministère des affaires étrangères de Norvège Marit Berger Røsland, nous avons pu échanger avec de multiples responsables politiques et chercheurs, sur la coopération internationale dans l’Arctique et ses enjeux géopolitiques, économiques et environnementaux.

Nous avons également effectué plusieurs visites de terrain. Nous avons notamment visité la Réserve mondiale de semences du Svalbard, où sont conservées, depuis 2008, 930 591 graines de toutes les cultures vivrières de la planète, afin de préserver la diversité génétique et d’œuvrer en faveur de la sécurité alimentaire mondiale. Nous nous sommes également rendus au très impressionnant téléport SvalSat, réseau de 31 antennes satellitaires capables de télécharger les infos des 14 satellites en orbite polaire. La station, gérée par Kongsberg Satellite Services (KSAT) en coopération avec le centre spatial norvégien, a été ouverte en 1997 sur les hauteurs de Platåberget près de Longyearbyen.

Ici, tout près des pôles, l’impact géopolitique et géostratégique du changement climatique apparaît avec plus d’acuité que partout ailleurs dans le monde. La fonte de la banquise ouvre des opportunités en termes de navigation maritime, de commerce, de sécurité énergétique et d’exploitation des ressources naturelles qui attisent inquiétudes et appétits, tant publics que privés. Parmi les Etats riverains, seule la Norvège a réellement les moyens financiers d’investir : la majorité des projets sont donc menés dans le cadre de partenariats public-privé-sociétés autochtones, notamment pour les infrastructures et les activités extractives. On observe aussi un engagement croissant des Chinois en Arctique, au grand dam de Moscou, ainsi que des tensions croissantes entre la Russie et les autres Etats impliqués dans la zone.

Le Conseil de l’Arctique s’affirme comme un forum diplomatique prisé, point de départ de l’influence en matière de diplomatie scientifique qui, pour tous, légitime les ambitions commerciales et stratégiques. Il compte quatorze membres – 8 Etats [Etats-Unis, Canada, Danemark, Islande, Norvège, Suède, Finlande et Russie] et 6 organisations autochtones représentatives – ainsi que 32 observateurs, dont la France, tandis que l’Union européenne n’est encore qu’« invité permanent ».

Enfin, n’oublions pas que si le recul de la banquise (40% de la calotte glaciaire a disparu depuis les années 70, avec des épisodes de fonte record en 2007 et 2012) ouvre de nouvelles opportunités, elle met aussi gravement en danger l’écosystème ce qui a de graves répercutions sécuritaires, non seulement dans l’Arctique mais ailleurs dans le monde, du Mexique jusqu’au Bangladesh.

Ministre Defense norvegienne

Avec la ministre de la défense Ine Eriksen Søreide

Ce  déplacement à Svalbard s’est poursuivi à Oslo par un séminaire d’une journée au Stortinget, le Parlement norvégien. Nous y avons notamment travaillé, avec la ministre de la Défense Ine Eriksen Søreide, nos collègues de la commission des affaires étrangères et défense du Parlement norvégien, le Lieutenant-général Morten Haga Lunde, les chercheurs du NUPI, l’institut norvégien d’études de défense et des représentants des sociétés pétrolières et gazières sur les priorités en matière de défense dans le Grand Nord, les défis sécuritaires de la région et son immense potentiel énergétique.