Mai 18 2017

Vous avez dit « renouvellement » ?

A première vue, le nouveau gouvernement chamboule les codes en faisant se côtoyer des personnalités politiques issus de partis antagonistes et en faisant accéder à des postes ministériels des responsables de la société civile.

Mais à y regarder de plus près, le doute s’instille.

La disparition du secrétariat d’État aux Français de l’étranger laisse songeur, alors même que l’outre-mer bénéficie d’un ministère de plein exercice, pour un poids démographique équivalent. A priori, le rattachement direct au Ministre des Affaires étrangères pourrait ne pas être forcément une mauvaise chose en soi… Les secrétaires d’État Hélène Conway et Matthias Fekl n’avaient ainsi pu empêcher ni une réforme de l’AFE dépouillant les élus de terrain de leurs maigres moyens, ni une fiscalisation abusive et discriminatoire des expatriés. Il faudra donc voir comment Jean-Yves Le Drian se positionnera vis-à-vis des Français de l’étranger.

Néanmoins, la disparition concomitante du secrétariat d’Etat au commerce extérieur laisse songeur. Le Premier ministre ne sait-il pas que c’est à l’international que la France peut et doit aller chercher sa croissance et qu’il est indispensable d’inverser au plus vite notre déficit commercial outre-frontières. Les Français de l’étranger peuvent jouer un rôle majeur dans ce redressement – à condition bien sûr d’être mobilisés et de pouvoir à nouveau s’appuyer sur des signaux positifs en France, l’image délétère projetée par notre pays ces dernières années ne pouvant guère aider la reprise de nos affaires.

De même, la transformation du Ministère de la Défense en « Ministère des Armées » – dénomination ayant disparu en 1974, interpelle : s’agit-il d’une restriction de périmètre, pour mieux rattacher la Défense directement à l’Élysée et les exportations d’armement au ministère des Affaires étrangères ? Quid des Anciens combattants qui ont eux aussi totalement disparu de l’organigramme?

En matière d’éducation, la toute première annonce d’Emmanuel Macron, en direct de Berlin, fut pour les classes bilangues. Mais là encore y a-t-il du nouveau à attendre ou s’agit-il juste d’une opération marketing de repackaging du dossier ?

En ce qui concerne la présence des femmes au gouvernement, le décalage entre la promesse d’Emmanuel Macron d’un gouvernement parfaitement paritaire et les faits montre qu’il s’est préoccupé davantage de la forme que du fond. Certes, 11 des 23 membres du gouvernement sont des femmes. Mais après avoir laissé entendre que le Premier ministre pourrait être une femme, Emmanuel Macron semble ne pas avoir été capable de trouver une femme ayant des « compétences suffisantes » pour ce poste… pire, aucune femme n’est à la tête d’un Ministère d’État et une seule obtient un ministère régalien…

De même, sur les engagements en matière de non-cumul ou de lutte contre les conflits d’intérêt, le gouvernement aurait pu mieux faire : la nomination de plusieurs ultra-cumulards comme Marielle de Sarnez ou d’une Ministre de la Santé refusant de déclarer des liens d’intérêts éventuels avec les laboratoires pharmaceutiques n’est guère enthousiasmante. Et que dire de la nomination comme Garde des Sceaux et ministre de la Justice d’un François Bayrou mis en examen pour diffamation ?

Enfin, l’entrée au gouvernement d’Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin avant les élections législatives est évidemment conçue pour tenter de dynamiter la droite et le centre, déjà considérablement affaiblis par l’échec aux Présidentielles. Le timing est aussi inapproprié que malséant et représente une forme d’insulte aux processus démocratiques, fondements de nos sociétés. Il aurait été logique de les voir arriver – eux ou d’autres – à ces mêmes postes une fois une majorité d’élus de la droite et du centre entrés à l’Assemblée … dans quelques semaines seulement. Certes leurs nominations traduisent un ancrage à droite du projet économique d’Emmanuel Macron et je ne peux que m’en réjouir, en espérant que nous pourrons l’infléchir après les législatives, si nous les gagnons. Car comment ne pas s’étonner de l’incohérence à ce qu’un Bruno Lemaire qui, dans son programme pour les Primaires promettait qu’il baisserait de 20 milliards d’Euros la CSG, soit en charge d’appliquer le programme de Macron qui lui annonçait une hausse de la CSG inversement proportionnée (de 28 mds€) ?

Pour que nous puissions enfin redresser la France, il est essentiel que la prochaine majorité parlementaire soit clairement ancrée à droite, et non diluée dans le magma flou de LREM…