La réunion au Koweït de la Commission pour la dimension civile de la sécurité que je préside à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN m’a fourni l’occasion de me rendre dans le Golfe. J’avais prévu de longue date de retourner aux Émirats arabes unis, afin de faire un point sur les différents dossiers concernant notre communauté française (22 502 personnes enregistrées au registre consulaire) et nos positions – notamment en matière de défense – dans ce pays en pleine expansion. Les hasards du calendrier ont voulu que mes dates de visite coïncidaient avec l’ouverture du Louvre Abu Dhabi et son inauguration par le Président Emmanuel Macron…
J’ai donc eu l’honneur et le plaisir d’être conviée à cette cérémonie d’ouverture. Ce musée, dont la conception architecturale a été confiée à Jean Nouvel, est une éblouissante réussite, véritable vaisseau dont la blancheur immaculée se fond dans les bleus de la mer et du ciel, combinant l’image d’un orient traditionnel par ce rappel des villages de casbah et la modernité du tout… C’est un honneur pour la France d’avoir pu participer à cette formidable aventure qui véhicule un message extrêmement fort de tolérance et de progrès par la culture.
Le lendemain, à Dubaï, j’ai participé avec le président de l’Alliance française de Dubai, Hussein al Jaziri et son directeur Bernard Frontero à l’inauguration du premier cours de français donné dans les tout nouveaux locaux de l’annexe de l’Alliance Française dans le « Knowledge Park ». J’ai eu beaucoup de plaisir à revoir Bernard Frontero, dont le travail m’avait déjà beaucoup impressionné, tant au Mexique où il avait développé un réseau de centres associés dans tout le pays, qu’à la Commission nationale de l’Unesco où il a été Conseiller pour les Sciences (je représente quant à moi le Sénat à son Conseil d’administration) et enfin à Malaga où il avait sauvé une alliance en voie de fermeture et avait contribué à l’implantation d’une annexe du Centre Pompidou. J’avais d’ailleurs proposé son nom pour la Légion d’Honneur et j’ai eu le plaisir de lui remettre ses insignes au Sénat il y a quelques mois.
Le « Knowledge Park », où est située la nouvelle annexe de l’Alliance française est un quartier entièrement dédié à l’éducation et à la culture, suite à la décision du Sheikh Mohammed bin Rashid al Maktoum de faire don des terrains situés face à son palais à cet effet. Il illustre bien la priorité donnée aux dirigeants émiriens à la formation de leur jeunesse. La création en 2006 de l’Université Paris Sorbonne-Abou Dabi s’inscrit aussi dans cette stratégie des Emirats arabes unis visant à orienter l’Etat vers une économie de la culture et du savoir. L’établissement s’est construit autour des sciences humaines et sociales, mais également du droit et de l’économie. J’ai eu le plaisir de m’y rendre et de rencontrer ses étudiants lors de sa visite par Emmanuel Macron et ai pu évoquer ensuite les enjeux de cette réussite avec Éric Fouache, vice-chancelier de l’établissement, puis lors d’un déjeuner organisé le 12 novembre dans son palais par le Sheikh Nahayan Mabarak Al Nahayan, ministre de la Tolérance, (et responsable à ce titre des universités) et où il m’avait fait l’honneur de m’inviter avec les principaux responsables des universités du pays, dont La Sorbonne AbouDabi. Selon une étude américaine présentée hier au Ministre par le président de Columbia, les Emirats seraient le troisième pays au monde pour la qualité de leurs universités ! Il est d’autant plus essentiel que la France conforte son positionnement, et cela passe bien sûr aussi par la diffusion de sa langue, alors que l’enseignement du français dans les écoles émiriennes publiques avait été supprimé et que les discussions sont en cours pour le réinsérer.
A Sharjah, j’ai pu visiter la remarquable exposition consacrée aux 40 ans de coopération archéologique entre les Emirats et la France. A travers les objets retrouvés lors de fouilles conduites par la France dans cinq émirats, ce sont 7500 ans d’histoire de la péninsule arabique, terre de passages, de commerce et de dialogues entre l’Afrique et l’Asie, qui se profilent.
Le 11 novembre, j’ai participé aux commémorations sur la base militaire d’Abou Dhabi, organisée par l’ambassadeur Ludovic Pouille et le Contre-amiral Didier Piaton, commandant de la zone maritime de l’océan indien et des forces françaises stationnées aux EAU. La cérémonie a été marquée par la présence des jeunes du lycée français, deux élèves ayant notamment lu une lettre d’un jeune Poilu à sa mère. La célébration, à laquelle ont également participé les élus consulaires Laurent Rigaud et Alain Thévenot (merci à Laurent de m’avoir accompagnée pour l’aller-retour de Dubaï à Abou Dhabi) fut suivie d’une visite de la frégate Jean Bart avec la nouvelle députée (EM) de la circonscription Amal Amélia Lakrafi. Inaugurée en mai 2009 par Nicolas Sarkozy, la base navale d’Abou Dhabi, qui compte aujourd’hui 700 hommes, est la toute première implantation militaire tricolore ouverte en territoire étranger depuis plus de 50 ans, et la seule hors d’Afrique. Ouverte sur demande émirienne, elle témoigne de la vigueur de notre coopération bilatérale de défense, qui n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis la conclusion de notre partenariat stratégique en 1995. Cette base, la première de la France dans le golfe Persique, occupe une place stratégique, dans une région où bat le cœur économique et géostratégique du monde. Comme l’a rappelé le Président Macron lors de sa visite d’Etat cette semaine, les Emirats arabes unis sont un partenaire fiable et essentiel pour la France et la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme.
Ce déplacement aux Emirats m’a également permis de mieux appréhender les enjeux de la communauté française sur place, notamment en échangeant avec les élus consulaires Laurent Rigaud et Alain Thévenot et l’ancienne élue Maryse Laurenti, mais aussi en participant à une très chaleureuse soirée avec les militants LR de Dubai (Merci à Catherine et Laurent Gaudeau) ou encore en visitant la superbe et innovante « galerie nationale » du Français Guillaume Cuiry, expert en design du XXe. Les Français des Emirats portent haut notre culture et notre savoir-faire et jouent un rôle clé pour défendre notre image et nos intérêts dans cette zone du globe éminemment stratégique !