Question écrite n° 03591 adressée à M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères (JO du 01/03/2018)
Mme Joëlle Garriaud-Maylam interroge M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères sur les perspectives de réouverture du réseau diplomatique et culturel français en Syrie et de soutien à la communauté française dans ce pays.
Elle rappelle que la France compte encore environ un millier de ressortissants en Syrie et déplore que ceux-ci soient obligés de se rendre à Beyrouth pour toutes leurs démarches administratives. Elle souligne en outre que la francophonie et ses valeurs sont un important levier de résistance culturelle face aux extrémismes religieux et politiques. Dès lors, le retrait du réseau culturel français de Syrie pénalise davantage, outre nos compatriotes, les nombreux Syriens francophiles et démocrates plutôt que le régime syrien.
Elle appelle donc à une réouverture progressive d’antennes consulaires et culturelles françaises en Syrie, ainsi qu’à un soutien accru au lycée Charles de Gaulle de Damas – celui d’Alep ayant hélas été détruit – particulièrement pénalisé tant par le déconventionnement avec l’agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) que par la disparition de la réserve parlementaire.
Réponse de M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères (JO du 17/05/2018, page 2367) :
Depuis 2012, la France a fermé son ambassade à Damas. La situation sécuritaire sur l’ensemble du territoire syrien ne permet pas de maintenir un réseau et des agents diplomatiques et consulaires. De plus, la réouverture de notre réseau enverrait un signal négatif à nos partenaires et aux autorités de Damas, à l’heure où le régime poursuit ses offensives militaires et refuse de s’engager de bonne foi dans un processus politique.
Pour autant, la France n’a cessé de construire des ponts avec la société syrienne. Elle continue notamment de soutenir des artistes syriens indépendants afin de développer et promouvoir le paysage culturel syrien. En 2017, elle a, par exemple, financé à hauteur de 62 000 euros deux collectifs d’artistes : le collectif Ettijahat et le collectif Kahraba. En 2018, ces deux mêmes collectifs recevront 80 000 euros et il est fort probable qu’un troisième collectif, le Koon Theater Group, soit également soutenu à hauteur de 40 000 euros. Par ailleurs, en 2018, la France finance des bourses pour un montant de 200 000 euros destinés à près d’une centaine d’étudiants.
En ce qui concerne le lycée Charles De Gaulle de Damas, sa convention avec l’AEFE a été suspendue fin 2011 à la suite de la décision du Gouvernement de rapatrier les fonctionnaires français. Il demeure un établissement sur programme français homologué par le ministère de l’éducation nationale. 250 élèves, y compris des boursiers, y poursuivent aujourd’hui leur scolarité de la maternelle à la terminale.
De manière générale, l’objectif de la France, depuis sept ans, a été d’accompagner les Syriens dans la mise en place d’un système politique conforme à leurs aspirations. La France continuera à œuvrer en faveur d’une résolution politique du conflit syrien, conforme aux termes de la résolution 2254 des Nations unies.