De retour en Lituanie pour participer à la commission permanente de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN. Quel plaisir de retrouver Vilnius, notre dynamique élu AFE Geoffrey Party et de revoir à la fois l’Institut français et le lycée international français de Vilnius qui a doublé ses effectifs depuis ma dernière visite en 2014 ! Plus de 500 expatriés français résident aujourd’hui en Lituanie. Une communauté jeune, dynamique et qui tend à s’agrandir depuis l’arrivée de l’euro dans le pays en 2015.

C’est avec une profonde tristesse qu’a débuté la réunion de notre commission permanente de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN. Avant même l’intervention du ministre de La Défense de Lituanie Raimundas Karoblis, un message de soutien a été adressé à la France, suivi d’une minute de silence de tous les parlementaires présents en hommage aux victimes de Trèbes et plus particulièrement au Lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, mort pour la France, pour nos libertés et pour sauver la vie d’une personne qui lui était inconnue. En tant que Colonel de gendarmerie (non d’active mais de la Réserve citoyenne), je me sens particulièrement touchée par l’acte d’Arnaud Beltrame. Je pense bien sûr très fort à sa famille, à ses proches, mais je tiens aussi à adresser mes condoléances et mon soutien à l’ensemble des forces de gendarmerie qui tous les jours, à un degré ou un autre, risquent leur vie pour protéger les nôtres. Nous ne leur dirons jamais assez notre reconnaissance.

Ce séminaire a principalement eu pour but de préparer le prochain sommet de l’OTAN à Bruxelles les 11 et 12 juillet prochains. En effet, dans un contexte d’instabilité généralisée, avec les crises en Libye, Iraq, Syrie, Afghanistan, Yémen, génératrices de menaces terroristes multiformes, de cyber-attaques, de prolifération d’armes de destruction massive, de technologies de missiles avancées et de désinformation, et alors que le concept de défense européenne tarde à s’incarner, l’Alliance Atlantique fait face à des défis cruciaux.

La réunion de la Commission permanente de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN était également l’occasion de célébrer le 100ème anniversaire de l’indépendance de la Lituanie dont la souveraineté a été un enjeu majeur pendant plusieurs siècles. En effet, le Grand-Duché de Lituanie, qui au XVème siècle s’étendait de la mer Baltique à la mer Noire, est devenu en 1795 une province russe. Redevenue indépendante en 1918, la Lituanie a été envahie par l’Union soviétique en juin 1940, par l’Allemagne nazie en juin 1941 et à nouveau par l’Union soviétique en 1944. Ce n’est qu’en 1991 qu’elle a pu restaurer son indépendance, après avoir proclamé sa souveraineté en mars 1990.

Membre de l’Union européenne et de l’OTAN depuis 2004, la Lituanie s’inquiète pour sa sécurité, suite aux initiatives de la Russie dans la région, alors même qu’elle reste son premier partenaire commercial. Elle consacre 873 millions d’euros à la défense et se réjouit de la mission de « police du ciel » balte organisée depuis 2004 par rotation entre les alliés et du déploiement de troupes de l’OTAN en 2017, dispositif auquel la France participe. De plus, nous Français avons signé en 2009 un partenariat stratégique bilatéral et en 2013 un accord de coopération militaire. C’est ainsi que nous procédons à des échanges d’élèves officiers entre l’académie militaire de Vilnius et Saint-Cyr Coëtquidan.

En marge de nos réunions, notre délégation française, constituée de Christian Cambon, Président de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat, le député Philippe Folliot et moi-même), a participé à un dîner de travail passionnant à la Résidence de l’Ambassadeur Philippe Jeantaud, avec plusieurs collègues députés lituaniens, membres du bureau de la commission de la sécurité nationale et de défense, dont Vysautas Bakas son Président, Edigijus Vareikis, Zygmantas Pavilionis, ainsi que les anciens ministres de La Défense M. Juozas Olekas et notre collègue de l’OTAN Rasa Jukneviciene. Tous nous ont fait part de leurs très grandes inquiétudes face aux agissements de la Russie en matière de guerres hybrides et notamment aux cyber-attaques de plus en plus nombreuses. La Lituanie réclame de nouvelles mesures de dissuasion de la part des Alliés et une stratégie renforcée, avec notamment la transformation de la police du ciel en une véritable défense aérienne et une augmentation de l’effectif et du nombre d’unités présentes.

Le dimanche, nous sommes allés à la frontière avec la Biélorussie, à la limite de l’espace de Schengen, pour y observer les systèmes de défense, en compagnie du Président de la Commission de La Défense du Parlement lituanien Vytautas Bakas, et des responsables du contrôle des frontières et de la communication des ministères de la Défense et de l’Intérieur de Lituanie. Nous avons également assisté au travail minutieux des officiers en charge de la surveillance électronique de ces frontières et avons visionné l’arrestation de passeurs/trafiquants. Lors du débat qui a suivi sur les cyber attaques et la propagande russe, j’ai pu évoquer l’initiative européenne de Stratcom, apprendre à nos interlocuteurs que nous allions nous atteler à un projet de loi sur les Fake News dont ils pourraient peut-être s’inspirer et leur conseiller de lire l’excellent rapport sur les méthodes de cette désinformation, écrit pour notre commission de l’AP-OTAN par notre ancien collègue Witold Wazcszykowski, aujourd’hui Ministre des Affaires étrangères de Pologne.

Cette visite à Vilnius a, aussi, été l’occasion de retourner voir, en compagnie du conseiller de coopération et d’action culturelle Jean-Louis Sani, « la petite école française de Vilnius », que j’avais découverte il y a quatre ans avec notre conseiller consulaire Geoffrey Party, et de constater son remarquable essor. La petite école a gardé la même façade, hommage à Montesquieu et à l’esprit des lois, mais elle a doublé ses effectifs, a ouvert un deuxième site et recherche de nouveaux locaux pour répondre aux demandes toujours plus nombreuses. Devenue « le lycée international français de Vilnius », première école internationale de Lituanie, homologuée AEFE jusqu’à la 3ème, elle accueille désormais 443 Elèves (20% de Français, 70% de Lituaniens et 10% de ressortissants d’Etats-tiers). Je ne peux que me réjouir de la formidable évolution de cette institution française et espère que le nombre d’écoliers continuera à augmenter au fil des années, signe que la francophonie est de plus en plus présente même en Europe de l’Est !

J’ai également pu me rendre à l’Institut français, j’ai eu le plaisir de m’y adresser à un important groupe de lycéens lituaniens apprenant le français et de revoir sa librairie française, « la plus à l’est de l’Union européenne ».