Vendredi 4 avril, le Club Rhenan, cercle de réflexion parlementaire franco-allemand , créé en 2007, a organisé un très intéressant séminaire de travail, à la double initiative de mon ami Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman (dont le directeur est Pascale Joannin), et de Joachim Bitterlich, président de la Konrad Adenauer Stiftung (dont le directeur est Nino Galetti), ancien ambassadeur allemand à Paris et fin connaisseur des enjeux de notre coopération bilatérale.
Invitée à débattre – sous la règle de Chatham House -de tous les sujets relatifs à l’entente franco-allemande, si cruciale en cette période de Brexit riche en incertitudes et en interrogations, ce forum fut aussi pour moi l’occasion de rencontrer ou de revoir des personnalités allemandes de premier plan.
Les échanges avec Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK), ancienne ministre-présidente de la Sarre, ayant pris la suite d’Angela Merkel en décembre 2018 comme présidente fédérale de la CDU, actuelle ministre de la Défense (depuis le départ de Madame Van der Leyden) et probable Chancelière fédérale lors du retrait annoncé d’Angela Merkel en 2021 furent riches.
J’ai aussi été très heureuse de retrouver le Président du Bundestag ,Wolfgang Schäuble, un homme d’Etat pour lequel j’ai toujours eu une très grande admiration,
Ce fut aussi l’occasion devoir le président de la Commission des affaires européennes du Bundestag ,Gunther Krichbaum ,qui a animé une excellente table-ronde avec son homologue au Sénat Jean Bizet, ainsi que les deux vice-présidents du groupe CDU/CSU du Bundestag, Katha Leikert et Andreas Jung.
Bref, ce séminaire, admirablement bien organisé, a permis des échanges nourris et constructifs pour la parfaite instruction des participants.
Photos de la page suivante : Au 1er rang Jean-Dominique Giuliani (Fondation Schuman) , Wolfgang Schäuble, Nino Galetti (Konrad Adenauer Stiftung), au second Jean Bizet, (Président de la commission affaires européennes du Sénat) Christophe Arend (Président du groupe amitié France-Allemagne à l’Assemblée nationale
La matinée du Samedi 5 avril a été consacrée à la visite du Lycée Français de Berlin. Organisée par Madame Isabelle Picault, conseillère culturelle et déléguée de la direction de l’AEFE, elle fait partie des « incontournables » pour un sénatrice des Français de l’étranger.
Le Lycée Français de Berlin est habité par l’Histoire. Il s’agit en effet du plus ancien établissement français à l’étranger, fondé en 1689 par les Huguenots émigrés dans le Brandebourg après la révocation de l’édit de Nantes et réfugiés en Priusse à l’invitation du Grand Électeur, le prince Frederic III.
Installé en 1701 dans le Palais Wangenheim où il resta jusqu’en 1713, le “Königliches Französisches Gymnasium” (collège royal français) fut successivement implanté dans différents quartiers de Berlin. Détruit pendant les bombardements de 1945, il a été réinstallé avec l’aide du Gouvernement militaire français de Berlin (GMFB) à Wedding, dans le secteur français.
Dans le cadre d’un projet franco-allemand suite à un traité du 24 avril 1953, le Collège fusionne avec un Gymnasium allemand. En 1974, le Collège français-Französisches Gymnasium s’établit sur Derfflingerstraße, dans le quartier de Tiergarten.
Aujourd’hui fort de 800 élèves, il prépare à l’Abitur, à l’Abibac et au Baccalauréat (entre 97 et 100% de réussites au bac chaque année). Géré par une double administration française (AEFE) et allemande (Sénat de Berlin), il est vraiment, selon les mots du Président Mitterrand en visite en 1987 à l’occasion du 750eme anniversaire de la ville de Berlin, “unique au monde”
Mais cette singularité pose aussi quelques difficultés. Les traditions académiques et les pratiques structurelles et organisationnelles ne sont pas les mêmes des deux côtés du Rhin. Les recrutements, formations professionnelles, statuts, gestion des enseignants et systèmes de notation et d’évaluation des élèves sont différents, la présidence des instances alterne chaque année entre le proviseur français et le directeur allemand (Schulleiter) avec un comité (Beirat) présidé en alternance par l’administration du Sénat et par l’Ambassade.
En revanche, intégré à une école publique, le lycée est entièrement gratuit, contrairement à l’école Voltaire voisine qui va elle de la maternelle à la 6ème (j’avais participé à l’inauguration de son nouveau site à l’automne 2011).
Ma visite m’a fait constater les besoins criants de travaux non encore financés, même si le Sénat de Berlin qui a repris la gestion du bâtiment le 1er janvier dernier (le lycée dépendant auparavant de l’arrondissement) s’est engagé à le faire. L’AEFE est impuissante et ne peut pas engager directement la rénovation alors des locaux qui se dégradent, ni lutter contre les graffitis pullulent. Il semble impératif de faire ces travaux pour que le bâtiment soit digne de l’excellence de l’enseignement qui y est dispensé.
Après une visite très instructive , je veux rendre hommage au personnel administratif et enseignant et tout particulièrement à la directrice allemande, Madame Ilka Steinke, au Proviseur français, Madame Corinne Gacel, et à leurs équipes. Tous font preuve d’un remarquable dévouement dans leur implication et leur volonté à surmonter les difficultés liées aux complexités administratives. Il est important que ce Lycée continue sa vocation : être un magnifique emblème de notre coopération bilatérale et le témoignage d’une construction européenne au service de notre jeunesse.
Autour du buste du fondateur Frédéric Guillaume de Brandebourg, avec la conseillère