Mai 09 2019

Stockholm – Suède (5 au 8 mai)

Arrivée à Stockholm dimanche soir pour une nouvelle mission de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, jai  eu le plaisir de découvrir en arrivant à mon hôtel du centre historique de Stockholm, un superbe trois-mâts amarré juste en face sur l’autre rive du Norrstrøm, celle de l’île de Skeppsholmen. Il s’agissait en fait du voilier sur lequel j’avais effectué mon tout premier séjour en Suède, à l’âge de 20 ans, et que je n’avais jamais revu depuis : C’était alors – et c’est encore aujourd’hui – une auberge de jeunesse…

Je fus aussi  heureuse  de retrouver une amie chère, Nadine Pripp, élue consulaire des Français de Suède depuis 2006, pour faire un point avec elle sur les dossiers concernant notre communauté française de Suède, uni communauté de plus de 8000 personnes (12 000 en comptant les non inscrits au Consulat), heureuse, bien intégrée, profitant d’une riche offre culturelle et bénéficiant même d’un lycée français parmi les moins hers au monde, car subventionné par le gouvernement suédois (env. 1000€ par an)
Un exemple que nous devrions chercher à suivre dans de nombreux autres pays du monde, comme j’aurais souhaité le dire au ministre Jean-Baptiste Lemoyne – si cette mission OTAN ne m’avait empêchée de participer au séminaire qu’il organisait cet après-midi sur l’enseignement français à l’étranger…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avec Nadine Pripp

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

#Stockholm Fin des réunions de notre commission OTAN au parlement suédois (Riksdag, chambre unique de 349 députés) avant un départ dans l’après-midi pour l’Islande. Nous étions 21 parlementaires de 13 pays membres de l’OTAN venus débattre des enjeux de défense et sécurité dans l’Atlantique Nord. La Suède, pourtant très attachée au multilateralisme, ayant décidé pour des raisons historiques et tactiques vis-à-vis de la Russie, de ne pas rejoindre l’OTAN, a cependant développé un système de coopérations très efficace avec les autres pays de la Zone, au tout premier rang desquels la Finlande puis les États baltes, par exemple au sein du Baltic Sea Process. Beaucoup de Suédois, dans ce contexte géopolitique de plus en plus tendu avec la crainte croissante d’une guerre avec la Russie, commençent à remettre en question cette non-appartenance (une première étape ayant été d’abandonner il y a une dizaine d’années sa référence historique au principe de « neutralité ») même si le ministre de La Défense social-démocrate Peter Hultqvist nous a affirmé en réponse à ma question sur ce point, que ce n’était pas d’actualité , mais qu’ils n’étaient « pas naïfs » et qu’ils n’agiraient qu’en concertation avec la Finlande. Une force navale finno-suédoise doit d’ailleurs être créée à l’horizon 2023 et un accord de coopération trilateral a été signé avec la Finlande et les Etats-Unis…

La stratégie suédoise, élaborée après le conflit en Géorgie, l’annexion de la Crimée et le conflit Russo-ukrainien au Donbass est aujourd’hui essentiellement tournée vers un renforcement des capacités et une défense territoriale qui se veut dissuasive. Des forces suédoises se sont ainsi installées sur l’île de Gotland, les 35 000 bunkers anti-atomiques datant de la guerre froide sont en cours de vérification, deux sous-marins de combat A26 sont en cours de construction, et de nouveaux équipements, des avions et sous-marins doivent être achetés. Le service militaire obligatoire, supprimé il y a 10 ans a été rétabli en 2017, avec 4000 jeunes enrôlés dans un premier temps, ce chiffre devant être doublé prochainement. Un livret « Que faire en cas de crise ou de guerre » a été distribué à cinq millions d’exemplaires

 

 

La Suède, qui a une longue tradition d’aide humanitaire mise en œuvre par une agence spécialisée, consacre près de 1% de son RNB à l’Aide publique au développement, s’implique beaucoup dans les aspects civils de gestion des crises et dans les opérations de maintien de la paix sous mandat de l’ONU. Elle nous aide ainsi au Mali où 250 hommes ont été envoyés dans le cadre de la MINUSMA et j’ai eu le plaisir d’échanger sur la base navale de Berga avec de jeunes Marines rentrés il y a quelques semaines à peine de leur mission là-bas. Elle a aussi été responsable de l’etat-major de force de l’opération Atalante et participe aux travaux de l’Agence européenne de défense.

 

Mais la Suède du fait de l’environnement sécuritaire tend aujourd’hui à vouloir se concentrer sur son territoire au détriment t des opérations extérieures. Le Brexit, alors que le Royaume-Uni était un partenaire très proche de la Suède, fait craindre aux Suédois un relatif isolement (Euro, commerce, questions sociales …) et son Premier ministre Stefan Löfven a réitéré récemment son refus d’innovations institutionnelles et son désir de progrès en matière d’Etat de droit, de migrations, de climat d’innovation, de maîtrise budgétaire, et d’accords de libre échange.

 

Ce séminaire a été passionnant avec de longs et productifs échanges sur ces questions avec de nombreux experts dont le responsable des renseignements suédoises de la contre-influence.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai aussi eu le plaisir de retrouver mon ancien collègue de l’AP OTAN et ancien ministre de la Defense, aujourd’hui président de la Commission de Défense (commission stratégique équivalente à notre commission française du Livre Blanc) Björn von Sydow ainsi que la présidente de la commission parlementaire de défense, l’ancienne ministre de la justice Beatrice Ask du Parti du rassemblement modéré -Centre-droit (la présidence de cette commission revenant traditionnellement à un membre de l’opposition gouvernementale)
Notre séminaire s’est également enrichi de visites de terrain, dont une à la marine royale suédoise et à son 2eme batallion à Berga ainsi qu’au SVEDINT -centre international des forces armées suédoises et au NCGM, centre d’excellence OTAN pour l’égalité de genre.
Enfin je ne saurais oublier le privilège d’une soirée exceptionnelle au Palais Karlberg, joyau du 17eme siècle merveilleusement bien conservé et Académie royale militaire depuis 225 ans.