Après l’Ukraine, la Moldavie craint d’être la prochaine cible des troupes russes. Des forces sont déjà sur le territoire, une bande séparatiste a déclaré son indépendance et se fait appeler la Transnistrie.
Très belle mission AFD conduite par son Directeur général, Rémy Rioux, qui m’a fait l’honneur de me proposer d’y participer, 13 ans après que je me sois rendue pour la première fois à Chișinău.
Depuis juillet 2021, l’AFD accompagne la République de Moldavie dans la convergence vers les normes de l’Union européenne et la mise en oeuvre de l’Accord de Paris. Dans ce petit État enclavé d’Europe de l’Est, l’AFD fournit une assistance technique pour le renforcement des capacités du pays dans les domaines de l’énergie et du ferroviaire. Elle souhaite également accompagner le développement durable des secteurs de la forêt, de l’irrigation, de l’eau et de l’assainissement.
Rappelons que l’Agence Française de Développement, fondée en 1941 sous le nom de Caisse centrale de la France Libre, est une des premières institutions financières d’Europe et opère dans 130 pays avec un budget annuel de 12 milliards d’euros.
Cette visite en Moldavie s’inscrivait dans le cadre de la volonté française de davantage s’engager sur le front Est de l’Europe pour aider les pays riverains de l’Ukraine à faire face aux nouveaux défis géopolitiques et stratégiques nés de l’invasion russe. Une volonté réaffirmée lors de la Conférence des donateurs à Berlin du 5 avril dernier où la France s’est engagée à hauteur de 125 millions d’euros – dont 75 millions par le biais de l’AFD.
L’AFD a ainsi décidé d’apporter à la fois une réponse urgente à la crise actuelle (3 millions d’€ devant être donnés à la société civile et aux ONG s’occupant des réfugiés que nous avons pu rencontrer dans les locaux d’ACTED, magnifique ONG dirigée par Frédéric de Saint Sernin) et des investissements à plus long terme, indispensables à la convergence vers des normes UE et une transition écologique appropriée.
Notre délégation était composée, outre Rémy Rioux, M. l’ambassadeur Graham Paul et moi-même, de Nicholas Cendrowitz, responsable Moldavie et Géorgie à la Direction de la Politique de Voisinage de la Commission européenne, Cécile Couprie, directrice AFD pour l’Eurasie, Philippe Baumel, directeur affaires institutionnelles de l’AFD, et Alexandre Lorot, responsable AFD Moldavie. Nous avons tous été heureux de constater la chaleur de l’accueil à l’AFD de tous les bailleurs de fonds déjà présents sur le terrain (Banque mondiale, FMI, UE, PNUD, BEI, etc.) et la convergence de nos analyses sur la nécessité absolue d’aider la Moldavie, petit pays de 3,6 million d’habitants, au PIB le plus faible d’Europe, et confronté à de lourds défis humanitaires, techniques et budgétaires aggravés par un sérieux “brain drain”.
La présidente Maia Sandu, 50 ans en ce 24 mai, formée aux Etats-Unis, a su depuis son élection le 15 novembre 2020 commencer à mettre en place les réformes indispensables en termes d’État de droit et de lutte contre la corruption après plusieurs années de dérives oligarchiques et s’entourer d’une équipe aussi énergique et dynamique qu’elle, comme nous avons pu en juger par nos rencontres avec plusieurs de ses ministres, dont le vice-Premier Ministre et ministre de l’infrastructure Andrei Spinu, le Ministre des Finances Dumitru Budianschi et le Secrétaire d’État aux Affaires étrangères Veaceslav Dobinda. Mais la stabilité retrouvée est compromise par les lourdes conséquences de l’invasion de l’Ukraine avec l’afflux de 500 000 réfugiés dont 90 000 se sont installés dans le pays, une inflation galopante, de puissants courants pro-russes hostiles aux réformes en cours et beaucoup d’agitation en Transnistrie. Notre aide, promise par Emmanuel Macron qui a déjà rencontré la Présidente 3 fois, est aussi indispensable qu’urgente.
L’AFD a dans ces difficiles circonstances fait preuve d’une très belle réactivité, en rédigeant dans l’urgence un projet d’accord inter-gouvernemental (en cours de traduction) et en faisant approuver dès la mi-avril par son Conseil d’administration une aide de 15 millions d’euros à la Moldavie, dont 3 millions d’aide immédiate aux ONG et à la société civile. Un prêt de 60 millions d’euros sera en outre affecté au soutien de reformes dans les secteurs du rail et de l’énergie après accord du CA mi-juin.
Avec le vice Premier Ministre Andrei Spinu et ses secrétaires d’État en charge de l’énergie, des transports et du développement régional, nous avons pu nous réjouir des reformes déjà engagées pour la sécurité énergétique, notamment par le développement des énergies renouvelables. Une coopération sera lancée pour la modernisation de la compagnie nationale de chemins de fer (CFM) et du secteur énergétique par un soutien de RTE international à Moldelectrica, le réseau de transmission électrique afin d’accompagner une synchronisation avec le réseau européen ENTSO-E effective depuis mars.
Un accord a aussi été signé ce mardi entre à la fois le DG de l’AFD et le vice-Premier Ministre et les représentants de Moldelectrica et RTEi.
À noter aussi que Proparco, branche de l’AFD pour les financements privés avait aussi participé au début de notre mission à la signature d’un prêt de 8 millions d’Euros à la société Microinvest, première société moldave d’octroi de micro-crédits, afin de lui permettre d’aider plus de petits entrepreneurs, et notamment des femmes.
En résumé, ce fut une mission AFD aussi passionnante que concrète et fructueuse.