Avec le Premier Ministre norvégien. Réunions de la Commission permanente de l’AP-OTAN tout le week-end au Stortinget, le parlement norvégien. Avec en point d’orgue, outre des débats sur l’Ukraine et une intervention du Président de la Rada Ruslan Stefantchuk, une réunion passionnante avec le Premier Ministre norvégien Jonas Gahr Støre. Un premier ministre que j’avais rencontré à Oslo en 2007 quand il était ministre des Affaires étrangères (le 1er ministre était alors Jens Stoltenberg) et avait organisé la Conférence de lancement de la Convention pour l’élimination des armes à sous-munitions, à laquelle j’avais été invitée en tant que co-auteur du tout premier rapport parlementaire d’information sur le sujet. Un dossier sur lequel j’avais beaucoup travaillé, notamment pour ce rapport parlementaire. Mais hélas personne en France, ni le Quai d’Orsay, ni le ministère de la Défense, ni le Sénat ne voulaient que notre pays soit partie à cette convention et j’avais subi d’énormes pressions de ma commission pour changer le texte de ma conclusion afin de ne pas appeler la France à aller de l’avant, comme l’a d’ailleurs rapporté Le Monde… Un de mes collègues d’alors, Roger Romani m’ayant dit à mon entrée au Sénat qu’il était très proche du Président Chirac et que je ne devais pas hésiter à faire appel à lui en cas de besoin, je lui avais demandé d’intercéder, en vain. (“Cela ne servirait à rien que je lui en parle puisque la France ne veut pas abolir ces armes “ m’avait-il répondu…) Invitée à participer à la Conférence de lancement, j’avais beaucoup hésité, puis m’y étais rendue la mort dans l’âme, me disant que j’en profiterais au moins pour revoir le lycée français, le consulat, l’Institut etc. (parcours typique d’un sénateur des Français de l’étranger). Un officiel du Quai était là aussi, me disant qu’il n’était là que parce que je m’y trouvais mais qu’il n’assisterait qu’à l’introduction de cette conférence et repartirait aussitôt car je devais bien savoir que la France ne voulait pas de cette Convention et qu’elle ne la signerait jamais,- ce que je savais bien sûr parfaitement.
Quelques minutes plus tard, alors qu’il était retourné s’asseoir, le ministre Jonas Gahr Støre arrivait et l’ambassadrice en Norvège, Chantal Poiret me présentait à lui. Très affable, il me remercia dans un français parfait de ma présence et de mon rapport, me disant qu’il était aussi très reconnaissant au Président Chirac de son soutien. Stupéfaite, je lui demandais si ce soutien était inscrit dans un document officiel et il me répondit qu’il s’était rendu à Paris quelques semaines plus tôt pour la Conférence sur le Liban et que le Président Chirac l’avait félicité de son action pour éliminer ces “armes ignobles”…
L’ambassadrice et moi fîmes donc appeler le conseiller du Quai à qui nous répétâmes les propos du ministre… Il ne voulut pas nous croire, fit son enquête… et la France signa…
Je n‘avais pas revu Jonas Gahr Støre depuis cet épisode de 2007, et ce fut un vrai plaisir, présidant toujours l’AP-OTAN en français, de l’entendre me répondre dans un français parfait, ajoutant que c’était la toute première fois qu’il s’exprimait en français au sein du Parlement norvégien et qu’il était très reconnaissant à la France de lui avoir permis d’y étudier, et de lui avoir inculqué de vraies valeurs…
(NB. Pour la petite histoire, l’officiel en question – dont je tais volontairement le nom – a publié des années plus tard un article en son nom sur la signature de cette convention – article tout à sa gloire bien sûr, où cet épisode n’est évidemment pas évoqué, pas plus que mon rapport, mon nom ou celui de l’ambassadrice. Mais peu importe, je me réjouis que la France ait signé et ait même fait partie des tout premiers signataires…).