« Les pieds ancrés dans la terre, l’avenir pour horizon. Des leçons pour aujourd’hui »
Remarquable colloque organisé au Sénat en hommage à un homme exceptionnel, son ancien Président, le Sénateur René Monory. Un homme exceptionnel, disais-je. D’origine modeste, mécanicien puis garagiste à Loudun (Vienne), ses qualités de bon sens, de pragmatisme, de finesse d’analyse, de courage, sa droiture, sa passion du bien commun et du progrès et son sens des relations humaines surent le guider tout au long de sa carrière politique, débutée comme maire de Loudun, puis poursuivie comme président du Conseil général, du Conseil régional, et Sénateur en 1968, Valéry Giscard d’Estaing le nommant ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat en 1977, puis ministre de l’Économie en 1978. Il sera aussi, lors de la première cohabitation de 1986 à 1988, ministre de l’Éducation nationale dans le gouvernement Chirac puis Président du Sénat de 1992 à 1998.
Jeune militante du CDS – Centre des Démocrates Sociaux – puis de l’UDF, j’avais eu l’honneur de le rencontrer et j’avais toujours été frappée par sa modestie et sa grande bienveillance, honorée qu’il ait même accepté de présider plusieurs colloques qu’il m’avait permis d’organiser au Sénat, notamment pour le Conseil de l’Europe, sur la représentation et les droits des expatriés. Le premier d’entre eux avait eu lieu en 1994 sur la citoyenneté européenne et les nouveaux droits des Français résidant en Europe, mais aussi des Européens en France, dossiers auxquels il s’était lui-même beaucoup intéressé.
Merci à la Fondation Robert Schuman et à son Président Jean-Dominique Giuliani (ancien directeur de cabinet de René Monory au Sénat) d’avoir eu l’idée de ce colloque et de l’avoir remarquablement bien organisé. Se succédèrent à la tribune beaucoup de ceux qui avaient bien connu et étroitement travaillé avec René Monory, dont Gérard Larcher, Pierre Méhaignerie, Jean-Pierre Raffarin, François Bayrou, Thierry Breton, Jean Arthuis, Hervé Marseille, Michel Pébereau qui tous exprimèrent leur attachement et leur respect pour cet homme de bien, ce visionnaire passionné d’économie et épris de progrès qui savait oser et fut par exemple à l’origine du Futuroscope.
Farouche défenseur du bicamérisme comme nous le rappela l’ancien Secrétaire général du Sénat Jean-Louis Hérin dans sa conclusion, il sut créer un Âge d’Or du Sénat (99% de ses amendements étant adoptés) et le dynamiser en instaurant la session unique de 9 mois, en l’ouvrant à l’international et en essayant de réduire le nombre de lois, d’éviter les propositions de loi fourre-tout et les séances de nuit qui selon lui ne devraient jamais se terminer après 22 heures… Last but not least, il déplorait le faible nombre de femmes en politique (en 1998, elles n’étaient que 8 au Sénat…) et plaidait pour l’entrée d’un plus grand nombre de femmes au Parlement…