Selon un sondage de l’Ifop pour le Journal du dimanche, près de deux Français sur trois approuvent le « nouveau 11-Novembre » proposé par Nicolas Sarkozy, qui souhaite faire de ce jour de célébration de l’Armistice de 1918 « la date de commémoration de la Grande guerre et de tous les morts pour la France » et a annoncé, à ma grande satisfaction, un projet de loi en ce sens.
En ce 11 novembre, vendredi dernier, je me trouvais au Burkina-Faso, aux côtés de nos forces militaires, nos anciens combattants burkinabés et notre communauté française pour déposer avec l’Ambassadeur une gerbe au cimetière militaire de Ouagadougou (Voir l’article du journal national burkinabé). C’était aussi pour moi l’occasion d’exprimer quelques instants plus tard, lors d’une très chaleureuse réception à l’Ambassade, en présence de Chantal Compaoré, « Première Dame » du Burkina, ma gratitude envers tous nos frères africains, et notamment Burkinabés, ayant donné leur vie pour notre liberté et notre démocratie. Un vrai moment d’émotion pour moi, en me rappelant (mais sans le leur dire !) que je n’avais cessé de réclamer pour eux la décristallisation des pensions d’anciens combattants et une revalorisation incluant des pensions de réversion à leurs veuves. Un thème que j’avais d’ailleurs traité dès ma toute première intervention budgétaire à la tribune du Sénat, le 4 décembre 2004 (lire le texte de mon intervention)
En décidant d’étendre la commémoration à tous ceux qui sont tombés pour la France, y compris à une date plus récente dans les opérations extérieures, le Président de la République ne réduit pas l’importance du 11 Novembre et des commémorations militaires, mais leur donne au contraire une valeur et un impact bien plus importants. Cela ne saurait bien sûr exclure la commémoration si particulière de l’Appel du Général de Gaulle le 18 juin 1940, qui s’inscrit justement dans cette démarche de responsabilité et de quête de valeurs qui doit sous-tendre notre patriotisme. Une commémoration à laquelle je suis particulièrement attachée, moi qui avant d’entrer au Sénat, était élue des Français de Grande-Bretagne et qui allait chaque année déposer une gerbe aux pieds de la statue du Général de Gaulle à Carlton Gardens, face aux anciens locaux de la BBC d’où il lança son vibrant appel.
Si notre pays est aujourd’hui libre, indépendant et respecté sur la scène internationale c’est parce qu’à différents moments de notre histoire, des hommes et des femmes, parfois très jeunes, sont allés jusqu’à donner leur vie pour un bien et un idéal communs, reçus de leurs parents et transmis à leurs enfants, l’attachement à notre Patrie. C’est leur mémoire qu’il nous faut continuer à honorer, c’est l’exemple de leur abnégation qui doit inspirer les futures générations.
Petit à petit, les moyens modernes de communication (films, reportages TV, sites et numérisations d’archives sur internet,…) viennent compléter les éléments de mémoire déjà mis à la disposition notamment de notre jeunesse et de leurs enseignants. Du Mémorial de Péronne au magnifique musée qui vient d’être inauguré à Meaux, sans oublier les monuments aux morts présents dans le moindre de nos villages, la plaque apposée en 2004 par l’AFE aux Invalides à la mémoire des Français de l’étranger morts pour la France « Ils avaient la patrie au cœur, Ils sont venus mourir pour elle », les structures qui participent à la mémoire et à l’entretien de notre histoire sont et resteront nombreuses.
Mais, il nous faut encore renforcer chez nos compatriotes, un vrai sens d’appartenance et d’adhésion à la Nation. En Angleterre, tout le monde arbore avec fierté, dans les jours précédant le 11 novembre, un coquelicot au revers du veston. Ce « poppy », lancé en 1920 aux Etats-Unis et un an plus tard au Royaume-Uni est une véritable institution, le symbole du souvenir, du respect dû aux Anciens Combattants et de l’amour pour la Patrie. Entre 25 et 30 millions d’exemplaires se vendent chaque année au profit des anciens combattants et leurs familles. Et je rêve que chez nous le Bleuet de France se développe enfin, devenant ainsi le symbole d’une adhésion à ces idéaux de liberté, de respect et de progrès partagé qui ont toujours été ceux de notre pays et de notre peuple.
L’initiative du Président de la République contribuera largement, je veux l’espérer, à refonder et à développer ce patriotisme du 21e siècle, un patriotisme basé sur la mémoire mais se projetant dans l’avenir, au service de la promotion de valeurs essentielles pour les hommes et les femmes de demain.