Il est hélas difficile de qualifier les résultats de l’élection européenne de « surprise » ou de « séisme », tant les sondages annonçaient depuis des semaines un niveau particulièrement élevé d’abstention et de votes Front National. L’aggravation de la crise politique se juxtapose à celle de la crise économique.
Dans ce triste paysage, les Français de l’étranger apportent un mince rayon de lumière : le FN n’y a réalisé que 8,9% des voix, contre 24,9% au plan national. Le vote sanction contre le gouvernement a par ailleurs été encore plus significatif qu’en France : le PS n’a recueilli que 13,2% des voix contre 14% nationalement. La droite et le centre-droit sortent renforcés de ce scrutin à l’étranger, notamment grâce à la mobilisation de leurs élus de proximité à l’étranger.
Il faut néanmoins déplorer un nouveau pic d’abstention : 89% (contre 82% en 1999). Aux ingrédients habituels fomenteurs d’abstention (éloignement des centres de vote – 4 seulement pour toute la Grande-Bretagne, à Manchester, Bristol et 2 à Londres, pour près de 80 000 compatriotes, listes électorales non à jour, etc.) et à absence d’un(e) français de l’étranger en position éligible sur une liste (alors même que depuis le traité de Lisbonne la région Ile de France à laquelle ils ont été rattachés a obtenu 2 sièges supplémentaires grâce à eux), est venu s’ajouter le vote par Internet (voir mon billet du 26 mars). Permis pour les élections des conseils consulaires, il est interdit pour le scrutin européen. Nombre d’électeurs ayant voté par Internet pour l’une des deux élections ne se sont pas déplacés pour l’autre.
Autre incident à signaler : le couac sur la mise en œuvre de l’interdiction du double-vote. Des milliers de Français résidant dans l’Union européenne, bien qu’étant inscrits sur la liste électorale consulaire et ayant demandé à voter au consulat pour les élections européennes, ont appris quelques jours avant le scrutin leur radiation, au motif qu’ils étaient inscrits sur les listes de leur Etat de résidence. Il est tout à fait légal de voter aux élections locales dans l’Etat de résidence et pour tous les scrutins nationaux (y compris les Européennes) sur les listes françaises. Mais certains États membres ont abusivement considéré que tout Européen votant localement pour les élections municipales y voterait aussi pour les Européennes. J’ai alerté le Ministère des Affaires étrangères, par une question écrite, sur la nécessité de mieux prévenir ce type d’erreur pour les prochains scrutins.
Cet incident prouve une nouvelle fois l’intérêt de créer une circonscription réellement transnationale pour l’ensemble des Européens résidant dans un Etat-tiers de l’Union européenne, comme je le prône depuis les années 1990.
→ Voir l’intégralité des résultats des Français de l’étranger pour l’élection européenne