C’est à l’invitation du prestigieux « Manama Dialogue », le plus important Forum de sécurité du Moyen-Orient, auquel participaient notamment le président égyptien Sissi, de nombreux ministres de La Défense ou des Affaires étrangères du Royaume-Uni, d’Allemagne, des Etats-Unis, d’Arabie Saoudite, d’Afghanistan que je me suis rendue à Bahreïn. Les débats ont été centrés sur la lutte contre le terrorisme, la guerre au Yémen et l’évolution de la politique étrangère iranienne.
J’ai bien évidemment profité de ce sommet pour rencontrer la communauté française et nombre de décideurs de ce petit pays de 1,3 million d’habitants, dont 50% seulement de nationaux.
A l’initiative de l’Ambassadeur de France Bernard Regnault-Fabre et de son Premier Conseiller Jean-Paul Ghoneim, j’ai rencontré plusieurs personnalités de la Shoura, la Chambre haute du Bahreïn. J’ai ainsi été reçue par le président de la commission des affaires étrangères, de la Défense et de la sécurité nationale Abdul Aziz bin Abdulla bin Nasser Ajman, par Fatema Al Kooheji la présidente (chrétienne) de la commission des droits des femmes et Nancy Khedouri la représentante de la minorité juive. Nous avons en particulier évoqué la lutte contre le terrorisme et la radicalisation, et convenu de la nécessité d’accroître les liens entre nos parlements à ce sujet.
Ancien protectorat britannique, l’émirat est devenu un royaume en 2002. L’islam en est la religion officielle. Le pays, malgré des efforts très importants en matière de cohésion et d’intégration sociale, connaît de fortes tensions, sporadiques mais souvent dangereusement amplifiées par la presse internationale. L’amélioration de l’implication des chiites dans les processus décisionnels reste bien sûr un véritable défi pour la dynastie sunnite au pouvoir, d’autant que l’Iran apparait aux yeux de beaucoup comme le Grand Satan et que le pays est très conscient de ses fragilités géographiques et démographiques.
J’ai également été reçue par Cheikha May bint Mohamed Al Khalifa, présidente de la Haute Autorité bahreïnienne pour la culture et les Antiquités, qui fait office de Ministre de la Culture – poste et titre qu’elle a été première et dernière à occuper (voir l’article de l’agence de presse de Bahreïn sur cette rencontre). Cette femme dynamique et talentueuse m’a fait l’honneur de m’ouvrir les portes de la vieille ville de Muharrak, où elle restauré, avec un goût exquis, 22 vieilles maisons, dont celles de son aïeul qui régnait alors sur la région. J’ai également eu le privilège de visiter la maison Jamshir où Sophie Delobette fait un remarquable travail d’animation culturelle pour le compte de notre Ambassade. J’ai également eu la chance de visiter, en compagnie du Conseiller de coopération et d’action culturelle Dominique Chastres, le magnifique site antique de Tylos (l’ancienne Manama) où se déroulent chaque année des fouilles sous la direction de Michel Lombard, qui ont par exemple prouvé que l’écriture cunéiforme s’était maintenue très longtemps à Tylos
Après une visite passionnante du Centre régional arabe pour le patrimoine mondial de l’UNESCO sous la conduite de Pascal Gueyle, grand spécialiste culturel des pays du Golfe, j’ai consacré le reste de mon déplacement à la communauté française, qui compte un gros millier de membres (dont plus de 300 binationaux) : visite des superbes nouveaux locaux de l’Alliance française et de l’Ecole française de Manama (plus de 500 élèves d’une quarantaine de nationalités différentes, dont 35% de Français), déjeuner de travail avec l’Ambassadeur Bernard Regnault-Fabre, son équipe et notre excellent conseiller consulaire en résidence au Qatar Gérard Dahan, multiples rencontres avec la communauté française et les conseillers du commerce extérieur (l’économie est plus diversifiée que dans les autres monarchies du Golfe, avec de belles opportunités commerciales pour la France), très sympathique déjeuner avec les membres du bureau de l’association des Français et francophones du Bahrein que préside Claudine Wehbe.
Et pour finir une très belle réception dans la superbe Résidence de France où j’ai eu le plaisir de remettre la médaille du Sénat à Christophe Freschi, le dynamique directeur de l’Alliance française qui y a réalisé un travail exceptionnel.
Le Président Sarkozy avait effectué, en février 2009, la première visite officielle d’un Président de la République à Bahreïn depuis 1990. Depuis, le Roi Hamad bin Issa Al-Khalifa a été reçu à trois reprises par le Président de la République en France. Les relations bilatérales sont excellentes mais méritent encore d’être développées. Bahreïn, traditionnellement très proche des Etats-Unis, souhaite resserrer ses liens avec nous, et pas seulement dans une logique de diversification de ses partenariats.
C’est dans ce cadre que j’ai eu l’honneur de recevoir ensuite à déjeuner, le 19 novembre au Sénat, et en compagnie de mon collègue Jean Bizet, président de la commission des affaires européennes du Senat et du groupe d’amitié France-Bahreïn, une délégation officielle du Ministère des Affaires étrangères du Bahreïn venue participer le lendemain à un comité bilatéral de haut niveau.