Arrivée en fin de journée ce vendredi 16 septembre, j’ai été accueillie à Sydney par le Consul général Nicolas Croizier et retrouvais avec plaisir cette ville magnifique où je m’étais déjà rendue en 2006. Cette première soirée a été marquée par l’inauguration dans la bonne humeur et l’amitié de la boulangerie « Label Baguette » de Steve Motte.
Le samedi matin, mon programme a débuté par une petit-déjeuner de travail avec le Consul général Nicolas Croizer et nos Conseillers consulaires Marie-Claire Guilbaud, Bernard Le Boursicot, Sébastien Vallerie et Jean-Philippe Grange. L’occasion de faire le point sur notre communauté française en Australie : de 50 000 à 70 000 personnes dont 26 652 inscrites au registre de Sydney. Une communauté jeune (moyenne d’âge 35 ans) binationale à 47% et vivant à 80% en zone urbaine : Sydney essentiellement, puis Melbourne, Brisbane, Perth, Adelaïde, Canberra et Darwin.
Le lundi 19 septembre, après ma permanence parlementaire au Consulat général, je me suis entretenue avec l’équipe consulaire au service de notre communauté française en Australie.
Puis ce fut la visite du Lycée Condorcet de Sydney, un magnifique établissement de 856 élèves dont 62% d’élèves français (dont 22% de franco-australiens) 29% d’Australiens, 9% d’Etats-tiers et 100% de réussite au bac. Je découvrais le beau projet de développement qui permettra d’accueillir à l’horizon 2020 près de 350 élèves de plus. Un développement indispensable compte tenu de l’accroissement important chaque année du nombre de Français à Sydney. Je me suis entretenue avec le Proviseur Philippe Courjault et ses adjoints Jean-Pierre Guguen, Bruno Le Brize, Antony Jonx, Mélanie Futia et les ai remerciés pour leur accueil et leur important travail sur ce dossier (budget 15 Millions AUS$). Sébastien Vallerie, qui conjugue avec brio ses casquettes de Conseiller consulaire et de Président du conseil de gestion du lycée, était à mes côtés durant cette visite et ces entretiens qui se sont achevés pas un sympathique déjeuner à l’invitation du Proviseur Philippe Courjault.
Mardi 20 septembre au matin, je suis allée en compagnie du Consul général à la Chambre de Commerce Franco-Australienne afin de m’entretenir avec sa jeune et dynamique équipe. L’Australie constitue le onzième excédent commercial de la France, à hauteur de 1,4 milliard d’euros… même si nos échanges demeurent modestes et si nos exportations diminuent, dans un contexte de contraction des importations australiennes, d’essoufflement du boom minier et de renchérissement des coûts de transport aérien. Néanmoins, les perspectives pour les exportateurs français restent bonnes et la quasi-totalité des entreprises du CAC 40 est présente en Australie, marché considéré comme stratégique.
J’ai ensuite poursuivi par la visite de la magnifique Alliance Française de Sydney, où l’on peut admirer, outre une magnifique exposition d’art aborigène, une création originale aux ondulations évoquant les vallons du nord de la France et acquérir – en échange d’une toute petite donation – des coquelicots à planter en mémoire de tous ces soldats australiens et français morts pour nos libertés pendant la Première guerre mondiale. Les commémorations de la Grande guerre, organisées de 2014 à 2018, constituent un temps fort de notre relation bilatérale et sont l’occasion de rappeler l’importance de l’engagement australien aux côtés de la France au cours de ce conflit (300 000 Australiens engagés sur le front occidental dont 45 000 morts).
Le réseau de l’Alliance française en Australie comprend 30 implantations qui dispensent des cours de français à environ 10 000 étudiants. L’Australie compte également plusieurs établissements scolaires agréés par le ministère français de l’Education nationale, à Canberra, Sydney et Melbourne. Il existe 320 accords de coopération entre les universités françaises et australiennes qui permettent à plusieurs centaines d’étudiants de prendre part à des programmes d’échange dans tous les domaines d’études. Pour favoriser les échanges avec la France, un programme novateur a été mis en place depuis 2010 : il permet à des étudiants australiens de réaliser des stages de six mois dans les entreprises françaises implantées en Australie, suivis de six mois de stage au siège ou dans un autre établissement du groupe en France.
Réunion passionnante et instructive dans l’après-midi – en complément d’une autre, la veille, avec les dirigeants d’Austrac, l’agence australienne contre le financement du terrorisme – avec Catherine Burn, responsable des Forces Spéciales de police du NSW et du contre-terrorisme. Une femme remarquable et de grande qualité avec laquelle l’échange fut passionnant. La France entretient avec l’Australie un dialogue politique approfondi sur les questions de sécurité internationale.
Le mercredi 21 septembre, départ pour Melbourne. Dès l’après-midi et accompagnée de la Conseiller consulaire et membre de l’AFE Danièle Kemp, j’ai rencontré Alice Pebay et ses deux co-équipiers, Xavier Haddoux et Elizabeth de Smit qui pourraient bien, dans un avenir relativement proche, se voir décerner le Prix Nobel de médecine. Tous trois travaillent à Melbourne, au Centre for Eye Research, et leurs recherches sur les cellules-souche embryonnaires font déjà grand bruit. Alice Pebay, expert en biologie cellulaire et en lysophospholipide, a dû s’expatrier après son doctorat en neuro-sciences au Collège de France, notre pays ne tolérant alors pas les recherches sur les cellules embryonnaires. Aujourd’hui elle a réussi avec son équipe, à partir d’un petit morceau de peau, à créer des cellules de cornée et à les implanter sur des animaux aveugles, leur rendant ainsi la vue. Bientôt ce sera au tour de l’homme, et l’on évitera ainsi des transplantations de cornées (alors qu’il y a une pénurie mondiale de donneurs) dont le taux de succès n’est que d’une sur trois. Et les possibilités sont immenses. L’on devrait ainsi, en recréant des cellules, arriver à comprendre -et donc à guérir- la DMLA, le glaucome, donc la cécité (un œil bionique est actuellement développé à Melbourne) mais aussi nombre d’autres maladies neuro-dégénératives comme celle de la moelle épinière. Xavier Haddoux travaille quant à lui sur la prévention – et la guérison – de la maladie d’Alzheimer grâce à un examen de la rétine, prolongement du système nerveux central, et aux cellules-souche. Il y a quinze jours a été pour la première fois testé sur 100 patients à Melbourne un médicament capable de réduire les dépôts d’amyloïde, cette protéine qui se dépose sur les synapses et entraîne Alzheimer. C’est une vraie révolution pour la médecine que ces découvertes, et leurs conséquences donnent autant d’espoir que de vertige.
Penser que ces chercheurs français du bout du monde, aussi modestes que talentueux, participent aux progrès de l’humanité est une source d’immense fierté. Il faut dire que le secteur de la santé est l’un des fleurons de notre coopération scientifique bilatérale, aux côtés de l’environnement, de la gestion de l’eau et des ressources, des énergies ou des transports.
Pour terminer cette première demi-journée à Melbourne, débat passionnant à l’invitation du parti libéral australien de Victoria. J’y ai rencontré ses responsables et notamment un franco-australien, Pierre Hamon. Parmi les principaux sujets abordés, la défense et la lutte contre le terrorisme.
Le 22 septembre au matin, visite de l’école française de Melbourne, où se pratique un enseignement bilingue pionnier. L’Ecole Française de Melbourne regroupe la Section Française de Caulfield Junior College, ainsi que l’école maternelle de Melbourne. Ces 2 entités sont nées du désir qu’une communauté bilingue et bi culturelle avait d’offrir à ses enfants un enseignement à la fois Australien et Français. Grâce à un partenariat solide et une recherche permanente de collaboration entre deux équipes enseignantes Australienne et Française, elle est devenue au fil des années, un exemple de synergie réussie entre deux approches pédagogiques et culturelles. J’y ai échangé avec les deux co-directrices de l’établissement, l’une de nationalité française et l’autre de nationalité australienne.
Je me suis ensuite rendue à la SBS, radio australienne pour être interviewée par Christophe Mallet, responsable du programme (et successeur de Danièle Kemp à ce poste). Créée en 1975, la SBS émet en 74 langues et demeure un exceptionnel outil d’influence et d’intégration.
La journée s’est achevée par une rencontre informelle avec les présidents des associations françaises (UFE, French Connexions, association des juristes, Alliance française, Melbourne Accueil, Bastille Day etc..), la Conseillère consulaire membre de l’AFE Danièle Kemp et l’ancienne élue AFE des Français d’Australie Jane Sand. Echanges dans une ambiance joyeuse avec une communauté solidaire et dynamique.
Le jeudi 23 septembre, j’ai participé dans les superbes salons de la State Library de Melbourne à la cérémonie de lancement du livre de mon vieil ami, l’écrivain et universitaire australien Roland Perry, « Céleste ». Tel était en effet le prénom de la Mogador, célèbre courtisane du 19ème, proche du Prince Napoléon, de Musset, d’Alexandre Dumas père et fils, qui aurait inventé le cancan, aurait inspiré à Bizet sa Carmen et devint écrivain et dramaturge. Une femme si connue que la Reine Victoria serait allée incognito dans l’église londonienne où Céleste se mariait avec le Comte Lionel de Chabrillan, juste pour l’apercevoir, et aurait estimé alors Céleste « encore plus belle que l’impératrice Eugénie »… Lionel de Chabrillan, son mari, fut également le tout premier Consul de France en Australie de 1854 à 1858 et Céleste l’accompagna notamment à l’inauguration de cette bibliothèque nationale où aurait lieu, 160 ans plus tard, le lancement du livre lui étant consacré…
Dernier moment fort de ma mission en Australie et avant mon retour pour la France. Je me rendais devant la bibliothèque de l’État de Victoria pour y admirer la statue équestre de Jeanne d’Arc. Acquise par la ville de Melbourne en 1907 pour être placée devant la State Library, cette monumentale statue de Jeanne d’Arc par Emmanuel Fremiet est devenue un symbole d’espoir et le point de ralliement des Français Libres pendant la deuxième guerre mondiale. Au lendemain des attentats terroristes qui touchèrent notre pays, des Australiens anonymes vinrent y déposer des fleurs.