Avr 13 2017

Ecosse (12-13 avril)

Avec Mike Russel, ministre chargé des négociations européennes sur l'Ecosse

Avec Mike Russel, ministre chargé des négociations européennes sur l’Ecosse

Nouvelle mission en Écosse,  deux ans après celle que j’avais faite sur le référendum relatif au projet d »indépendance du pays , cette fois-ci pour mieux évaluer, dans le cadre des travaux de notre commission des affaires européennes sur le Brexit (créé par Jean-Pierre Raffarin et Jean Bizet, respectivement présidents des commissions affaires étrangères et défense et affaires européennes), les positions de l’Écosse post-Brexit, les probabilités d’organisation d’un nouveau référendum sur l’indépendance et leurs conséquences éventuelles dans un paysage européen bouleversé par la décision de sortie de Londres.

La suspension des travaux parlementaires en Écosse pour la préparation des élections locales et la courte durée de mon séjour ne m’ont pas permis de revoir le Premier ministre d’Écosse, Nicola Sturgeon. Mais j’ai eu le plaisir d’être reçue à Glasgow par Mike Russell, ministre chargé des négociations européennes sur l’Écosse. Également député SNP de la côte Ouest de l’Écosse, universitaire, journaliste, ancien ministre de l’environnement et aujourd’hui en charge du complexe et difficile dossier des négociations européennes sur l’Écosse, il m’a apporté un éclairage très précieux sur les positions écossaises actuelles et la stratégie en cours. 

Rappelons que lors du débat sur l’indépendance de l’Écosse en 2014, Londres expliquait que pour se maintenir dans l’Europe, l’Écosse devait impérativement rester dans le Royaume-Uni… L’Écosse a alors rejeté l’indépendance à 54%. Or les termes du marché sont aujourd’hui inversés, avec la sortie britannique de l’UE, alors même que lors du référendum sur le Brexit, le 23 juin 2016, les Écossais avaient voté à 62% pour l’Europe. Il est également à noter que toutes les circonscriptions écossaises, sans la moindre exception, avaient  voté dans le même sens.  

Aujourd’hui la déception des Écossais est immense. Certes il avait été dit qu’il n’y aurait pas d’autre référendum sur l’Écosse « avant au moins une autre génération », mais le Brexit a changé la donne. D’autant que la plupart des promesses de Londres avant le référendum de 2014, comme par exemple celle de l’établissement d’un « vrai partenariat sur une base d’égalité », n’ont pas été tenues… Le silence de Londres sur ces questions leur semble assourdissant, les comités de liaison ministériels ne fonctionnent pas et Édimbourg n’arrive pas à obtenir la moindre réponse à ses nombreuses et légitimes questions, ce qui engendre beaucoup de frustration.

Le 13 mars 2017, Nicola Sturgeon a annoncé la tenue d’un nouveau référendum d’indépendance, qui devrait avoir lieu quand l’accord de sortie sera connu, entre l’automne 2018 et le printemps 2019. Le parlement écossais devrait en conséquence demander au parlement britannique de déclencher la « section 30 » de l’Acte de l’Écosse qui permet d’organiser une telle consultation. Mais Theresa May a déjà signifié son désaccord… L’interprétation écossaise est que les Anglais se refusent à tout compromis tant avec l’Écosse qu’avec l’Irlande du Nord et le Pays de Galles, répétant sans cesse que «ce n’est pas le moment», voulant à tout prix éviter une autre consultation du peuple britannique, refusant tout compromis et s’agrippant au statu quo, alors même que la situation en Europe ne cesse d’évoluer.

Une chose est sûre. Les Écossais, très attachés à l’Union Européenne, mais aussi à la France, à laquelle les lie cette Auld Alliance vieille de plus de 700 ans, espèrent tous rester dans l’Union européenne et comptent sur notre soutien.

A suivre donc…

17952849_278144142631159_6293468512887928024J’ai par ailleurs profité de ce déplacement écossais pour participer à une réunion débat à Édimbourg avec Laurence Azzéna-Gougeon, candidate LR aux législatives de juin 2017, autour des enjeux de la présidentielle et des problématiques liées au récent transfert des compétences consulaires d’Édimbourg à Londres, qui constitue une vraie difficulté pour de nombreux compatriotes. Le Brexit pourrait venir rouvrir ce dossier sensible au sujet duquel j’avais posé une question écrite.