La tenue d’une session plénière de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN au Parlement roumain m’a donné l’occasion de me rendre en Roumanie du 6 au 9 octobre, pays où j’avais déjà eu l’occasion d’effectuer des déplacements en 2010, dans le cadre d’une mission sur les mineurs isolés et les trafics d’enfants et en 2011 déjà pour l’Assemblée parlementaire de l’OTAN.
La délégation française – que j’ai eu l’honneur de présider – était composée de trois sénateurs, Jean-Marie Bockel (UDI, Haut-Rhin) Gilbert Roger (PS, Seine St-Denis) et moi-même, et de 11 députés dont 2 LR Claude Goasguen (Paris) et Jean-Luc Reitzer(Haut-Rhin), 1 UDI Jean-Christophe Lagarde (Seine-Saint-Denis) et 7 En Marche (Philippe Folliot, vice-président de la délégation, Anissa Khedher (Rhône) Sonia Krimi (Manche) Jean-Charles Larsonneur (Finistère) Philippe Michel-Kleisbauer (Var) Natalia Pouzyreff (Yvelines) Joaquim Pueyo (Orne).
Nous avons été reçus par l’Ambassadrice Michèle Ramis qui nous a présenté les enjeux de défense en Roumanie, en compagnie d’éminents parlementaires et spécialistes de Défense roumains. Les trois conseillers consulaires élus des Français de Roumanie, Dana Gruia Dufaut, Christian Lemaître et Benoit Mayrand, ont également été conviés à cette rencontre.
Parmi les débats principaux de cette session, la sécurité dans les Balkans et en Mer Noire, mais aussi les nouvelles menaces. J’ai pour ma part présenté à la Commission sur la dimension civile de la sécurité un rapport sur les aspects humanitaires de la guerre en Syrie et Iraq, qui a été adopté à l’unanimité. J’ai également été élue Présidente de cette Commission, dont j’étais jusqu’alors Rapporteur général. Nous avons eu la possibilité d’échanger notamment avec le Président de la Roumanie Klaus Iohannis et les présidents du Sénat Câlin Popescu-Tariceanu et de l’Assemblée nationale Liviu Dragnea. J’ai aussi pu interroger le Secrétaire général de l’OTAN sur les moyens de renforcer le partenariat stratégique de l’Europe : des progrès ont été réalisés depuis les sommets du pays de Galles en 2014 et de Varsovie en juillet 2016, notamment en matière de cyber défense, avec la coordination entre l’agence européenne Frontex et le commandement maritime OTAN pour répondre à la crise migratoire en Mer Egée, dans la lutte contre les menaces hybrides, l’intégration d’unités des États membres de l’UE dans des exercices de l’OTAN… mais il reste encore beaucoup à faire, en particulier pour partager le fardeau financier de la défense collective de l’Alliance…
Entre deux sessions intenses à l’Assemblée parlementaire OTAN, j’ai réussi à m’échapper deux petites heures le dimanche pour aller à la rencontre des membres de l’UFE Roumanie, à l’occasion de leur traditionnel brunch de rentrée. Un moment très sympathique et chaleureux, en présence des conseillers consulaires Christian Lemaitre et Benoit Mayrand, au cours duquel j’ai pu dire à nos compatriotes combien je restais à leur écoute et combien le développement de notre présence en Roumanie, notamment économique, était important.
La France compte environ 4000 ressortissants inscrits au registre consulaire en Roumanie et la Chambre française de commerce, d’industrie et d’Agriculture en Roumanie (CCIFER) regroupe plus de 400 membres. Notre pays rayonne aussi à travers le Collège Juridique franco-roumain d’études européenne, fondé en 1994, fruit d’un partenariat scientifique d’excellence entre la Faculté de Droit de l’Université de Bucarest et un consortium d’universités françaises emmenées par Paris I Panthéon Sorbonne, qui délivre des diplômes français et par l’ Association Franco-Roumaine de Juristes (AFRJ) qui fait vivre les liens entre professionnels du droit de nos deux pays. Il faut dire que la Roumanie jouit d’une tradition forte d’enseignement du français dans son système éducatif : au niveau du collège et du lycée, 85,58% des élèves étudient le français ; une quarantaine de sections bilingues pour le français existent dans le secondaire et un baccalauréat bilingue à mention francophone existe depuis 2006. L’Institut français joue un rôle important pour accompagner ces partenaires et soutenir l’apprentissage du français du pré-primaire à l’enseignement supérieur.
C’est aussi avec beaucoup de plaisir que j’ai pu visiter le Lycée français Anna de Noailles, aux côtés de son proviseur proviseur Carole Soulagnes et du Conseiller de coopération éducative Michel Monsauret, vieil ami de Londres, où il avait été la remarquable cheville ouvrière du développement de nos programmes d’enseignement et de la création d’un nouveau lycée. Un Lycée français avait été ouvert à Bucarest dès 1940, mais fermé huit ans plus tard par le régime communiste. Rouvert en 1965 pour les seuls enfants de diplomates, il a été conventionné par l’AEFE en 1990, après la chute de Ceausescu. Inauguré en juillet 2013 par les Premiers ministres français et roumain, l’actuel lycée accueille 1110 élèves dont 43% de Français, mais aurait déjà besoin de s’agrandir tant la demande est forte.
Enfin, j’ai eu le plaisir d’une rencontre fortuite avec le sociologue Dominique Wolton, directeur de recherche au CNRS, grand spécialiste de francophonie et membre du jury du Prix du Rayonnement que j’ai créé, justement absent de la remise des prix 2017 quelques jours plus tôt du fait de sa mission en Roumanie.