Déc 03 2018

Budget du Quai d’Orsay 2019 : l’influence française en péril ?

Intervenant dans le débat sur le budget 2019 de la mission « Action extérieure de l’État », j’ai souligné à quel point les nouveaux efforts réclamés au Quai d’Orsay me semblaient disproportionnés au regard des contraintes pesant sur les autres ministères et des rabots budgétaires déjà effectués les années précédentes. Alors qu’il a déjà perdu 12 % de ses effectifs au cours de la dernière décennie, il reçoit cette fois l’injonction de conduire d’ici à 2022 une réduction de 10 % de la masse salariale de l’ensemble des réseaux français à l’étranger. Certes, nous avons la responsabilité d’innover pour faire mieux avec des moyens toujours plus contraints. Mais une base budgétaire minimale est indispensable, surtout si nous voulons continuer à offrir des services de qualité a nos compatriotes établis à l’étranger.

Je me suis aussi inquiétée de la poursuite des ventes de notre patrimoine français à l’étranger, dans des conditions de transparence douteuse. Je ne suis pas sûre que notre intérêt de long terme soit de nous en séparer… J’ai ainsi soutenu l’idée que venait d’exprimer mon collègue Robert del Picchia de vendre les bâtiments, si le besoin en était avéré, à la Caisse des Dépôts, qui les louerait ensuite au Quai d’Orsay, afin d’éviter la perte totale de nos possessions à l’étranger.

J’ai également alerté sur les enjeux budgétaires pour nombre de structures françaises à l’étranger de la mise en place du dispositif STAFE, censé remplacer la réserve parlementaire, mais moins bien doté, plus restrictif et ouvrant la porte à des risques d’effet de substitution. Du fait de l’augmentation constante de la population française à l’étranger, la stagnation des budgets des services consulaires équivaut, sur le terrain, à une dégradation des services publics. Le budget des bourses scolaires, par exemple, va continuer de baisser, tandis que l’Agence pour l’enseignement du français à l’étranger subira une diminution de 3,7 % de ses crédits.

Enfin, j’ai dénoncé le fossé entre les ambitions affichées en matière de francophonie et les moyens mis à disposition. Les crédits du programme « Diplomatie culturelle et d’influence » baisseront de 2,6 %, après une année 2018 stable et deux années de recul. La faible augmentation des crédits aux instituts français et alliances françaises n’est pas à la hauteur des enjeux et les modalités du rapprochement de ces deux réseaux demeurent floues.

La France a toujours eu une place à part dans les relations internationales. Dans ce village global où les rivalités font rage, nos concurrents ont, eux, bien compris que le progrès et le développement économique passaient obligatoirement par l’international. Ils se donnent, eux, les moyens de leur réussite. Dans quelques années, nous risquons de regretter notre aveuglement si nous ne prenons pas les mesures adéquates.

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