Déc 03 2018

Aide publique au développement : les faux-semblants du budget 2019

Source : Coordination Sud

Alors que le gouvernement se plaît à communiquer sur l’augmentation substantielle de notre Aide Publique au Développement (APD), j’ai souligné à quel point ce discours était exagéré. D’une part, si le chiffre de 1 milliard d’euros d’augmentation est impressionnant, il s’agit seulement d’autorisations d’engagement. D’autre part l’augmentation budgétaire vient masquer un recul grave : celui de ne plus affecter que 32% des recettes de la taxe sur les transactions financières à l’APD, contre 50% jusqu’ici. Il y a un évident manque de réalisme dans la réaffirmation de la cible de 0,55 % du RNB (déjà bien en-deça de notre engagement international de 0,7 %!) en fin de quinquennat : pour y parvenir il faudrait une hausse de notre APD sur les prochaines années sans commune mesure avec celle proposée pour cette année.

J’ai également rappelé qu’une APD plus coûteuse pour le contribuable rendait d’autant plus indispensable une évaluation et un contrôle rigoureux, avec des indicateurs d’impact précis. C’est notamment indispensable pour évaluer notre impact sur des enjeux transversaux tels que l’égalité de genre ou la cohérence de nos actions en matière d’empreinte carbone.

Autre enjeu sur lequel notre budget manque de vision à long terme : la francophonie. La France ne consacre que 32 % de son APD à des pays francophones – presque deux fois moins que ce que le Royaume-Uni flèche vers son espace géolinguistique. L’ensemble des seize pays identifiés comme prioritaires, tous situés en Afrique, ne représentaient en 2017 que 7,2 % des engagements de l’AFD à l’étranger ! Une plus grande implication dans l’aire francophone serait doublement vertueuse, puisqu’elle permettrait de renforcer notre ancrage dans une zone en forte croissance tout en nourrissant cette dernière. J’ai d’ailleurs défendu un amendement en faveur du fléchage d’une partie des fonds de notre APD vers le financement des actions de diffusion de France Médias Monde dans les pays en développement et les zones en crise.

Enfin, j’ai souligné le caractère contre-productif d’un déploiement financier de l’AFD réalisé sur fond d’étranglement budgétaire du Quai d’Orsay. Si nous voulons sortir du saupoudrage et du court-termisme, nous devons intégrer notre aide au développement dans un dialogue diplomatique de qualité.

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