C’est pour représenter l’Assemblée parlementaire de l’OTAN au colloque sur le terrorisme de l’Institut international pour la Justice et l’Etat de droit – aux côtés du député PS Sebastien Pietrasanta, qui avait été rapporteur de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les attentats de 2015 – que je me suis rendue à Malte.
J’y ai présenté un état des lieux sur la coopération interparlementaire, telle qu’elle s’exerce notamment au sein de l’OTAN. J’ai ainsi pu souligner l’importance de cette coopération entre parlementaires mais aussi bien sûr services de renseignement (j’avais d’ailleurs déposé l’an dernier au Sénat une proposition de résolution pour la création d’une commission d’enquête sur la coopération européenne en ce domaine, encore insuffisante, et y ai été le rapporteur de l’accord franco-américain d’entraide judiciaire en matière de lutte contre le terrorisme) mais j’ai surtout insisté sur les moyens de la renforcer et de la rendre plus efficace , grâce à des échanges de bonnes pratiques, du monitoring des élus de pays moins avancés (notamment en matière de cybersécurité), du contrôle des lois liées à la sécurité à l’aune des textes régissant un État de droit et d’un suivi plus important de forums internationaux comme ceux sur ce domaine de l’AP-OTAN ou du GOPAC en matière de lutte contre la corruption et financement du terrorisme.
Après une ouverture du colloque par le président du Parlement Angelo Farrugia et le ministre maltais des affaires étrangères George W Vella, plusieurs réunions ont été organisées avec les principaux membres du gouvernement.
Nous avons ainsi pu débattre avec Carmelo Abeda, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité nationale, des défis migratoires auxquels sont confrontés les pays du bassin méditerranéen et tout particulièrement Malte, à mi-chemin entre le sud de l’Europe et le nord de l’Afrique. Le sujet est particulièrement prégnant aujourd’hui, moins de deux mois avant que Malte prenne la présidence de l’Union européenne, le 1er janvier 2017 et alors que le sommet de La Valette sur les migrations, qui avait réuni chefs d’État et de gouvernement n’a donné aucune des suites espérées. Malte, qui avait déjà 4000 migrants en situation régulière en 2012 (le ministre n’a pu -ou n’a pas voulu- m’en donner les chiffres pour 2016, se contentant de me répondre qu’ils étaient « beaucoup, beaucoup plus importants », avec une augmentation entre 2014 et 2015 de 33% des demandeurs d’asile, essentiellement Libyens) appelle à la fois à plus de solidarité sur ce dossier, à plus de coopération entre nos services à l’échelle européenne et à la révision du règlement de Dublin, devenu obsolète, non adapté à la situation d’aujourd’hui. Il y a urgence !
Le ministre des affaires étrangères de Malte, George W. Vella (déjà rencontré au Parlement lors de l’ouverture du colloque) nous a accordé un entretien sur les grandes orientations de la prochaine présidence du Conseil européen par Malte à partir du 1er janvier.
Chris Cardona, ministre de l’économie de l’investissement et des petites entreprises nous a reçus au Palazzo Zondadori, siège de son Ministère. Le pays affiche une santé économique exceptionnelle dans la zone Euro: 3,9% de chômage et une croissance estimée à 4,4% (+6,3% en 2015) et un déficit public maîtrisé à 1,5% du PIB en 2015 et prévu à 0,9% en 2016. Le secteur touristique (30% du PIB) ne cesse de progresser (plus de1,5millions de touristes par an). L’agence de notation Standard and Poor vient de relever la note de Malte de BBB+ à A- .
Tout ceci est bien sûr la conséquence d’une politique volontariste. A titre d’exemple, ce programme de citoyenneté que j’avais découvert lors d’un colloque sur la double-nationalité en novembre 2015 à Dubai où j’intervenais avec le Premier ministre de Malte Joseph Muscat (j’y avais fait une conférence sur les dimensions juridiques du principe de double-nationalité et de son application). Un programme d’accès à la citoyenneté maltaise -et donc européenne – visant à attirer les investisseurs non européens en quête d’un passeport de l’UE. Interrogeant le ministre sur le bilan de ce programme, il m’indiqua qu’ils avaient ainsi attiré une centaine d’investisseurs, devenus citoyens maltais et dépensant chacun 1,3 million d’Euros (et plus en venant avec un conjoint ou une famille).
Bien sûr Malte est fermement hostile à une harmonisation de la fiscalité en Europe, tout comme au projet de taxation sur les transactions financières…
Les atouts de Malte sont, selon Chris Cardona, sa petite taille, une législation « flexible » basée sur un consensus facile à atteindre et des processus bureaucratiques réduits au maximum.
Ses défis sont aujourd’hui de développer l’internationalisation de ses entreprises, les énergies renouvelables et le traitement des eaux usées et des déchets. Un câble énergétique sous-marin va relier Malte au continent européen (projet Nexans de 178M€) et trois usines de traitement des eaux usées viennent d’être construites par un consortium dirigé par Degremont.
Le ministre se dit prêt à accueillir plus d’ entreprises françaises mais m’a semblé douter de leur volonté de venir investir sur ce marché florissant mais de petite taille…
Avec mes collègues du groupe d’amitié France-Malte de l’Assemblée nationale en visite à Malte en même temps que moi (Patrice Prat, député NI du Gard, président du groupe d’amitié, Catherine Quere, députée PS de Charente-Maritime et mon vieil ami Georges Fenech, député LR du Rhône et d’origine maltaise) je me suis également rendue à une rencontre avec le Ministre de l’agriculture et de la pêche, Roderick Galdes, dans son ministère situé au rez-de-chaussée d’un ancien Relais de chasse des Chevaliers de Malte, dont l’étage supérieur est occupé par le Ministre de l’Environnement.
Enfin, une soirée chez l’Ambassadrice de France à Malte, Beatrice Le Fraper du Hellen, fut l’occasion de rencontrer la communauté française de Malte – une communauté jeune, sympathique et innovante dans tous les domaines (biotechnologies, jeux video, « green tech » , danse, taxis électriques, design …). Cette communauté en pleine croissance a dépassé aujourd’hui les 1 000 Français inscrits au registre. Il ne reste plus qu’à créer une petite école française…