Mercredi 29 mars, j’ai parrainé au Sénat un colloque international sur le rôle des femmes dans le dialogue interculturel euroméditerranéen, organisé par l’AFACOM (Association des Femmes Arabes de la Presse et de la Communication), avec le soutien de l’ISESCO (Organisation islamique internationale pour l’Education, les Sciences et la Culture).
Ce colloque a rassemblé des femmes exceptionnelles, comme mon amie la Cheikha Mai al-Khalifa, Première ministre de la Culture du Bahreïn et aujourd’hui Présidente de la Haute Autorité pour la Culture et les Antiquités, Zeina Tibi, Présidente de l’AFACOM, Delphine Borione, notre ambassadrice auprès de l’UPM (Union pour la Méditerranée), ma collègue à l’Assemblée parlementaire OTAN Nicole Ameline, Touria Iqbal, députée marocaine, poétesse et spécialiste du soufisme, l’écrivain, poète et journaliste roumaine Cleopatra Lorintiu, Ines Safi, scientifique tunisienne passée par Polytechnique et aujourd’hui chercheur au CNRS en physique quantique tout en s’adonnant à des « recherches buissonnières » sur les thèmes de science et foi ou sur les débuts de l’amour courtois en terre d’Islam…
Ce sujet du rôle des femmes dans le dialogue euroméditerranéen m’est particulièrement cher, moi qui me bats depuis si longtemps pour la promotion des femmes en tant qu’actrices du développement, de la tolérance et du respect mutuel, notamment par l’éducation et la fin des mariages forcés.
C’est un message que j’avais porté lors de la création d’ONU Femmes, rappelant que la promotion des droits des femmes et la lutte contre les discriminations constituaient non seulement l’une des priorités de la France en matière de promotion des droits de l’Homme, mais également une condition indispensable d’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement – en notamment suite aux printemps arabes. C’est un message que je m’efforce aussi toujours de porter lors de mes déplacements dans la zone méditerranéenne (par exemple en Egypte, Tunisie, Iran, aux Emirats arabes unis, en Arabie saoudite, à Bahreïn) en lien avec les conseillères consulaires françaises de la région qui sont beaucoup impliquées sur ces questions, comme par exemple Madeleine Ben Naceur, Nadia Chaaya, Isabelle Derlon, Régine Prato ou Radya Rahal, ou lorsque j’accueille des responsables des pays concernés au Sénat (j’avais notamment évoqué la condition des femmes en Iran à l’occasion du passage à Paris d’Alaeddin Boroujerdi, Président de la Commission des affaires étrangères et de la sécurité nationale du Parlement iranien).
Soixante-dix ans après la fin de la seconde guerre mondiale, et alors que la construction européenne et la mise en place des Nations Unies devaient garantir un avenir pacifique, l’Europe revoit resurgir le spectre de la violence à ses frontières, voire en son cœur même, comme à Bruxelles ou Paris… Alors que la stratégie de Daech est d’envenimer les divisions au sein de la société française, le dialogue interculturel euroméditerranéen est plus crucial que jamais. Et les femmes ont un rôle tout particulier à y jouer.
Parce que nous ne pouvons rester les bras croisés face aux périls qui enflent et parce que nous ne pouvons pas tout attendre, passivement, de nos gouvernants, il est indispensable que la société civile prenne les choses en main. C’est en créant des synergies entre autorités publiques, élus nationaux et locaux et associations ou secteur privé que nous pourrons être réellement pertinents et efficaces. D’où l’intérêt de rencontres favorisant le dialogue interculturel, comme ce colloque, dont j’espère que les Actes seront publiés prochainement.
Si je devais résumer ce colloque, j’emprunterais les mots en forme d’espoir d’Ines Safi : « Puisse le chant des sirènes juguler le bruit des sirènes« …